Ecole montessori : Mon retour sur cette matinée d’observation

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Ecole montessori : Mon retour sur cette matinée d’observation

Aujourd’hui, je t’emmène avec moi dans une école montessori.

J’ai pu observer une matinée chez les 3-6ans et vous avez été nombreux à me demander mon retour sur cette expérience. J’ai donc un pris un peu de temps pour vous raconter l’essentiel…

Contexte : Mon fils va rentrer à l’école en septembre. Pour diverses raisons, je ne pense pas que mon école publique de secteur soit le meilleur choix pour l’adaptation au milieu scolaire. J’ai cherché plusieurs alternatives et l’école montessori me semblait être la meilleure solution. Nous l’avons visitée lors d’une porte ouverte et la directrice proposait aux parents de venir observer en immersion pour confirmer un choix d’inscription ou non.

Le covid est encore une fois passé par là, et j’ai donc pu observer ce fonctionnement en cette fin d’année (mi juin). J’y suis allée en tant que MAMAN mais forcément la curiosité va au delà de mon seul statut de parent. La maîtresse que je suis était bien présente aussi… 

Quelques petits éléments de base pour ceux qui ne connaissent rien à ce fonctionnement : 

  • ce ne sont pas des classes, ce sont des ambiances. Les enfants sont regroupés par tranche d’âge. Ici les 3-6ans puis ensuite les 6-12 ans. 
  • ce ne sont pas enseignants qui gèrent l’ambiance, ce sont des éducateurs formés à la pédagogie montessori. 
  • Tout le matériel est à disposition (et donc à hauteur) des enfants constamment. Il y a quelques bureaux et chaises éparpillés mais pas autant de places assises que d’enfants. Ils ont à disposition des petits tapis qu’ils utilisent s’ils souhaitent travailler à même le sol. On retrouve le même matériel dans n’importe quelle ambiance montessori à travers le monde, à quelques variantes près.

Ici, il s’agit d’une école privée, hors contrat avec l’état. Elle n’a ni subvention ni « obligation » à suivre le programme de l’éducation nationale. Elle le suit évidemment, mais la programmation n’est absolument pas comparable. Elle est toutefois enregistrée au rectorat, l’enfant doit toujours être inscrit quelque part et aller à l’école quotidiennement.

L’école suit le calendrier scolaire officiel. Elle n’en a pas l’obligation mais certaines familles ont leurs enfants dans des structures différentes, cela était donc logique de conserver cette répartition annuelle. 

Voici le petit résumé de cette observation :

Cela reste une observation !

C’est à dire que je ne peux pas faire de conclusions générales en ayant passé 4h avec eux. Ce serait comme une phrase sortie d’un long discours. On sait nous-mêmes qu’une visite d’inspecteur ne reflète pas tout le travail de l’année, je n’ai émis ou n’émettrai aucun jugement sur ce que j’ai observé. Je me suis fait un avis à partir de cet aperçu. Rien de plus. 

Je suis arrivée à l’école vers 8h10, au moment de la garderie du matin. Il y a deux ambiances 3-6ans au rez de chaussée de l’établissement. L’éducatrice qui avait connaissance de ma venue m’a proposé d’aller dans la seconde pièce car elle avait déjà plusieurs adultes de son côté. Celle qui m’a donc accueillie pour la matinée ne savait pas que j’allais venir ce matin. 

J’ai été très bien accueillie, elle m’a proposé une chaise en recul et m’a invitée à me déplacer dans l’ambiance comme bon me semblait. 

L’ambiance : 20 enfants de 3 à 6 ans, une éducatrice AMI, un assistant (en cours de formation éducateur AMI).

Un espace d’environ 60m2 avec un lavabo à hauteur d’enfant, et des étagères partout dédiées à plusieurs pôles : vie quotidienne, espace sensoriel, mathématiques, langage, découverte du monde. Dans un petit hall juste avant la porte : vestiaire et toilettes enfants.

Si on compare avec une classe de maternelle, je me rends compte de deux choses : 

  • il y a beaucoup de choses d’une classe ordinaire qui sont absentes dans l’ambiance montessori : par exemple les jeux de société ou jeux libres comme coin voiture, coin cuisine, le coin regroupement, le tableau…

MAIS 

  • il y a beaucoup de choses dans l’ambiance montessori qu’on ne trouve pas dans une classe ordinaire : sécateur, fer à repasser, et surtout une diversité de matériel de manipulation maths, découverte du monde, globes, bouliers en tout genre, cubes, poids (parmi beaucoup d’autres…) 

A mon arrivée à 8H10, 3 enfants étaient là. Jusqu’à 8h30 c’est la garderie du matin. Les éducatrices accueillent les enfants, proposent des livres, puzzles, jeux ordinaires. 

 

De 8h30 à 8H45, c’est l’accueil des autres enfants qui arrivent au compte goutte.

Les parents disent au revoir à l’enfant à la porte, il se dirige vers le petit vestiaire avant de rentrer en chaussons dans l’ambiance. Pour l’un d’eux, c’est difficile. Il pleure, il veut son papa et s’accroche à ses doudous.

L’assistant se met à sa hauteur, le rassure, l’aide à se déchausser et l’invite à rentrer dans l’ambiance quand il le souhaite. Ce petit bonhomme rentre dans l’ambiance avec ces doudous mais ne veut pas s’en séparer. Les référents de la classe lui donnent une limite de temps « dans 5 minutes tu rangeras les doudous d’accord ? » et repartent vers d’autres élèves. 

Il observe, reste un peu en recul des autres, va prendre un tapis et s’allonge dessus au milieu des autres enfants.

Personne ne vient le déranger.

Quelques minutes passent et l’assistant revient vers lui. « Tu es prêt à ranger tes doudous ? »

Apparemment non.

“On te laisse le temps de leur dire « à tout à l’heure ? » “

L’enfant acquiesce, l’assistant repart. Le petit bonhomme se lève, passe à côté de moi et va ranger ses doudous derrière le rideau où sont installés les petits lits pour la sieste. Il repart dans l’ambiance et commence sa journée plus serein. 

Les jeux proposés sur le temps de garderie sont rangés, les enfants sont invités à choisir le matériel qui leur plait sur les étagères. La journée a bel et bien commencé. 

De ma chaise je fais un premier constat : 

  • Ils sont 18. Comme l’un des enfants a certains troubles (je n’ai pas creusé) il est accompagné d’une AESH. Il y a donc 18 enfants présents, 3 adultes dans la classe + moi. Sincèrement, en parlant avec un ton de voix normal, je fais davantage de bruit que toute l’ambiance réunie. C’est hallucinant ! Pourtant tout le monde se parle. Les enfants intéragissent entre eux, les adultes avec les enfants, quelques fois les adultes entre eux. 
  • Il n’y a aucune consigne donnée collectivement. Chacun semble savoir ce qu’il a à faire, pourtant personne ne fait la même chose. Même les élèves qui ont l’air d’avoir besoin de bouger davantage se fondent dans la masse. 

2ème constat (ironique) : Ils toussent ! Tous ! Les microbes ne s’arrêtent donc pas au choix de la pédagogie XD 

 

Tout le monde est actif : l’un prend du matériel d’emboitement, l’autre les poids…

L’un prend des barres de numération pour effectuer des soustractions en écrivant seul des petits calculs sur sa feuille.

Un autre prend un plateau avec une feuille à poinçonner. Il termine l’activité rapidement, pose sa feuille dans son casier et cherche une autre activité. Il revient sur la même, avec un modèle plus grand. Certains ont pris des tapis et se sont installés par terre, au milieu des autres. Le déplacement reste fluide et personne ne touche le matériel d’un enfant en action. Une petite fille semble avoir besoin de se reposer, elle est sur son tapis, observe, on la laisse tranquille. 

A plusieurs reprises, les enfants viennent se servir de l’eau dans une cruche et des verres (en verre) mis à disposition sur un plateau.

Les plus petits sont aussi autonomes que les grands. Ils versent de l’eau, boivent et vont nettoyer leur verre au lavabo puis étendent les petits torchons sur un fil s’ils en ont utilisé pour nettoyer d’éventuelles gouttes tombées par terre et repartent ensuite pour une activité.

Silencieusement, j’ai compris une autre règle implicite du fonctionnement : soit on demande à l’enfant si on peut venir avec lui travailler (ou boire ou autre) soit on laisse l’enfant tranquille. J’ai entendu quelques fois, dans des tons très bas et très agréables « pars stp tu me déranges » souvent lorsqu’un enfant observe ce que fait l’autre. Ça s’arrête là. 

Il y a beaucoup de matériel de manipulation dans la classe. Mais tout est présent en un seul exemplaire.

Donc, si les enfants se mettent d’accord, ils peuvent collaborer pour faire l’activité. Sinon, il faut attendre que le plateau soit rangé pour le prendre à son tour. Finalement, j’y ai vu beaucoup de petits groupes se former naturellement (2 voire 3 enfants autour d’un tapis à réaliser l’activité sereinement) 

Le petit garçon accompagné de son AESH a choisi un plateau avec des solides.

Il fallait retrouver sous un torchon le solide (pavé, boule, cylindre, cône…) décrit par l’autre. Ils ont commencé l’activité à 2 et l’ont terminée à 6. Ça a duré environ 15 minutes. Sans bruit, sans agitation, les enfants s’écoutent parler tout bas et patientent. A côté, un autre enfant a pris une plante de la classe, l’a arrosé avec un pulvérisateur et a coupé avec un sécateur la feuille qui jaunissait. 

Au fond de la classe, l’éducatrice travaille des mots avec une petite fille.

Elle essaie de les lire pour retrouver l’image à laquelle ce mot correspond. Elles restent ensemble une vingtaine de minutes. L’assistant lui, est appelé par une autre enfant (sans bruit, juste en posant sa main sur son épaule) pour construire des mots à l’aide des lettres mobiles. C’est un travail sur les sons à l’intérieur du mot. Elle va retranscrire phonétiquement les mots usine, homophonie, pochette. Elle a deux petits cartons de lettres mobiles. Selon le son, elle pioche la lettre. Quand elle doute, l’assistant lui indique qu’elle a une feuille pour s’y référer. Il n’y a jamais de « non, ce n’est pas ça, je ne crois pas… ni même de oui, bravo c’est ça ! » Qu’elle soit en réussite ou en échec elle a été capable de s’en rendre compte d’elle même. Elle n’a pas été félicitée non plus mais elle semblait à fond dans l’activité et plutôt contente d’y arriver. 

A l’autre bout de la classe, un petit conflit s’installe.

L’un des enfants veut prendre les poids à emboiter et aimerait prendre les 4 blocs de poids disponibles pour faire l’activité. Un autre enfant souhaitait partager l’activité avec lui en prenant 2 des blocs. L’éducatrice est arrivée, s’est mise à leur hauteur et leur a demander de s’écouter. Ils ont parlé à tour de rôle, l’éducatrice leur a rappelé que ce matériel peut s’utiliser avec 1 ou 2 blocs et qu’ils devaient choisir de travailler ensemble sur les 4 ou de partager les blocs (ici l’activité permettait de dédoubler l’activité en fonction de la difficulté choisie). Ils ont d’abord commencé par « moi je … » et elle leur a rappelé que c’était une décision commune qui devait être prise ici ».

Finalement, ils ont opté pour 2 blocs chacun et se sont installés tranquillement l’un à côté de l’autre. Elle n’a pas tranché à leur place, elle leur a donné des pistes pour qu’ils gèrent la situation eux-mêmes et sortent tous deux satisfaits. Il y a vraiment une capacité d’écoute dans cette pièce qui me saute aux yeux. 

A 10H45, les petits qui font la sieste l’après-midi sortent en récréation. Les grands, eux, sortiront après le repas. Il n’y a pas de coupure dans les activités comme on peut avoir dans une école classique (classe – récré – classe).

L’assistant passe au vestiaire avec les enfants concernés. Dans le vestiaire, il y a des bottes, des vêtements de pluie pour chaque enfant fournis par la famille. Aujourd’hui, il doit faire plus de 30 degrés. Les enfants sortent les lunettes, casquettes et même crème solaire, que l’assistant étale sur les petites frimousses avant de sortir. Le petit garçon accompagné demande s’il peut mettre ses bottes. On lui suggère qu’il aura peut-être chaud avec le temps actuel mais on ne lui refuse pas. Il passera sa récré en bottes et avec le sourire. 

Dans la cour, il n’y a rien d’autre que de la terre, de l’herbe, des arbres, des pommes de pin et des palettes. Pas de vélo, toboggan ou autre. La 1e fois que je suis venue j’ai été très surprise. Je m’attendais à autre chose. Finalement, avec le recul et les discussions avec les parents, les enfants ont l’air très heureux comme ça. Ils s’amusent à faire des parcours avec les rondins de bois, des cabanes avec les palettes, ils jouent avec les cailloux, les branches… 

Lorsque j’ai posé la question « Comment vous faites quand il pleut » on m’a répondu « ils sortent… comme les autres jours » A l’exception des gros orages, ils sont dehors (d’où les vêtements de pluie du vestiaire !). Tout de suite j’ai pensé : vive les rhumes permanents qui s’annoncent… Mais finalement – et très personnellement – je préfère savoir mon fils bien habillé qui s’amuse sous la pluie et dans la boue que dans une salle avec la TELE allumée à l’école parce qu’il ne peut pas sortir dans la cour… 

Pendant que les petits sont dehors (pour 45 minutes) les grands continuent les activités. L’éducatrice a proposé une activité à l’un d’eux sur un tapis concernant le phonème « en » sous ses différentes écritures. Ils travaillent ensemble sur un tapis, les autres viennent tour à tour se greffent à l’activité sans avoir été invités mais sont accueillis naturellement. Ils doivent prendre un petit mot écrit en script, le décoder et le placer sous l’écriture du son “en” visible dans le mot. Ils sont capables de décoder des mots comme : pendule, taon, et d’autres plus compliqués : triangle, éléphant. Tout le monde est en réussite, pour certain il faut juste quelques secondes supplémentaires pour décoder les mots. 

A chaque fois que l’éducatrice travaille avec un ou plusieurs enfants, elle fait des allers retours au mur près de la porte pour écrire ce qui a été vu. Il y a le suivi de chacun à la semaine où sont marquées les notions présentées, éventuellement les prochaines activités à proposer. 

De l’autre côté, sur un petit meuble elle a des pochettes des semaines précédentes et s’y réfère de temps à autre. 

Elle regarde les autres colonnes, et va proposer à une autre enfant de lui faire découvrir une nouvelle notion sur les cartes du monde. La petite fille accepte tout de suite et elles s’installent pour travailler les continents, leur place grâce à un puzzle, les contours en mémorisant les différentes pièces ect…

11H30. L’éducatrice se pose sur son tabouret autour d’une ellipse dessinée par terre. Cela représente un peu le coin regroupement que l’on connait. Sur d’autres temps, cette ellipse symbolise un fil sur lequel l’enfant peut marcher pour recentrer sa concentration s’il se sent un peu énervé (plusieurs l’ont utilisées pendant la matinée de leur propre gré) Ici, chacun prend sa place naturellement sans consigne claire. 

Je regarde le reste de la pièce. Elle est absolument identique à l’état de lequel elle était à 8H10 le matin. Tout est rangé à sa place alors que je n’ai pas entendu la moindre directive de rangement. Après chaque activité, les enfants ont rangé leur matériel, et nettoyé leur place ou le sol s’ils l’ont mouillé avec leur activité et balayé si c’était nécessaire.

L’éducatrice indique qu’il est maintenant l’heure de mettre la table et explique les changements dûs aux deux absents du jour. Tout le monde se lève, chacun sait ce qu’il a à faire. Je vois des petits loulous qui portent les tables, qui amènent des chaises supplémentaires, qui vont chercher une desserte de vaisselle et qui mettent la table. Fourchette, couteau, cuillère, verre, assiette, petites serviettes. On retrouve le rôle du “coin cuisine” mais grandeur nature cette fois-ci. Les petits rentrent de la récré et s’installent sur les chaises restantes. L’assistant prend la relève pour le repas, l’éducatrice prend sa pause du midi. 

Mon observation s’arrête ici. Je sais qu’ensuite ils rangent la table et font eux mêmes la vaisselle. Je rassure tout le monde, il n’y a pas un enfant qui râle à effectuer ces tâches, au contraire ils ont l’air plutôt ravis. Les petits partent à la sieste ou se reposent. S’ils ne dorment pas, ils peuvent choisir de refaire la récré des grands ou rester calmement dans la classe. 

Il y a deux ambiances 3-6ans dans l’école, j’imagine donc qu’il doit y avoir un roulement pour la surveillance de cour, ils ne peuvent pas être partout. 

Je remercie l’éducatrice de m’avoir fait découvrir son fonctionnement et je rentre après une bonne matinée d’observation. 

 

Plus personnellement, les points pour lesquels j’ai pensé à cet établissement sont réunis : 

  • les conditions d’accueil et d’encadrement. Car cela permet vraiment de donner un temps de qualité à chacun et de ne laisser personne en souffrance. De là, découlent toutes les autres conséquences sur : 
  • la bienveillance, l’ambiance de travail, le bruit : je ne dis pas que dans le public la bienveillance n’est pas au rendez-vous et ce n’est absolument pas une critique envers les enseignants, j’en suis une ! Mais les conditions dans lesquelles on accueille les élèves, plus particulièrement en maternelle ne permettent pas souvent de pouvoir gérer chaque enfant comme on le voudrait. Ce n’est pas la faute des enseignants, la majorité fait un boulot monstre. Mais on a nos limites à cause de ce système qui ne tourne pas rond. Ici, les enfants se sentent écoutés, s’écoutent et le niveau sonore est réellement agréable. 
  • Le rythme de l’enfant. Ici un enfant qui veut se poser sur son tapis une demi-heure pour se reposer n’est pas gêné. On ne lui interdit pas, on le gêne pas, et le bruit de la classe ne le gêne pas non plus. L’enfant qui veut faire pipi y va librement, celui qui a soif boit librement, et il parle librement. Il n’y a pas un rythme collectif à suivre par tout le groupe en même temps (sauf repas). Il y a des alternatives à la sieste ! Quand j’entends certaines situations où l’on demande à des enfants qui ne dorment pas de rester allongé le temps que les autres dorment, j’hallucine. Heureusement, c’est de moins en moins le cas mais bon… Ici, encore, il s’agit de conditions. Je comprends qu’on ne peut pas être partout. La directrice dans son bureau, l’ATSEM a la sieste, on peut difficilement proposer autre chose aux enfants qui sont encore plein d’énergie. A défaut de solution, le constat reste décevant pour l’enfant. 
  • Ils sortent dehors peu importe la météo : ça peut paraître un détail mais en Normandie il pleut très très très souvent et remplacer la récré par la télé ce n’est juste pas acceptable pour moi. Je parle ici de la télé dans un rôle purement occupationnel pour des enfants de 3 ans ! Dans d’autres circonstances et avec un autre public ou une fréquence beaucoup plus rare, la télé peut apporter beaucoup. Mais pas comme ça. 
  • le niveau hétérogène avec des enfants d’âges mélangés apparait comme un vrai plus. Tout naturellement les enfants qui sont dans l’ambiance depuis plusieurs années montrent implicitement comment faire aux plus petits et chacun gagne en autonomie. 

 

J’avais peur de confirmer ce que j’entends parfois : « en école montessori, ils font ce qu’ils veulent ». Je n’ai pas eu ce ressenti durant cette matinée d’observation. Oui, les enfants choisissent d’aller vers telle ou telle activité mais l’éducatrice a quand même un suivi pour chacun d’eux, sait ce qui leur a déjà été présenté et ce vers quoi il faut aller. J’ai vu certains enfants ne pas trop savoir quoi choisir, les adultes ont à chaque fois proposé plusieurs alternatives à l’enfant qui reste toujours décisionnaire.

Je pense qu’il n’y a pas de solution qui pourrait me satisfaire à 100%. 

J’ai vu ici un fonctionnement différent, des choses en plus et des choses en moins par rapport au système classique. 

Selon moi, tout système possède ses limites. 

Ici, je me suis fait la réflexion sur les plus grands. J’ai eu l’impression qu’ils avaient fini par faire le tour de ce qui pouvait être proposé dans l’ambiance. A deux semaines des vacances estivales c’est peut-être un peu normal aussi. L’an prochain, ces enfants changent d’ambiance pour aller chez les 6-11ans. A voir. 

Il me reste évidemment des doutes sur l’absence de « temps de motricité » , quel niveau en fin de cycle, quelle adaptation pour rejoindre un autre système… 

Je fais le pari pour la rentrée prochaine en ce qui concerne mon fils. Nous verrons par la suite quel chemin nous emprunterons, rien n’est jamais figé. J’aurai d’ici des informations et le recul que je n’ai pas aujourd’hui. 

ATTENTION : Si cette pédagogie vous intéresse, il faut tout de même prendre ses précautions. Des dizaines d’écoles de ce genre fleurissent un peu partout ces dernières années. Il y en a de très bonnes, d’autres qui surfent seulement sur la vague « montessori » du moment. Avant de faire ce choix de scolarité nous avons été à la journée portes ouvertes mais j’ai surtout cherché à discuter avec de nombreuses familles qui y scolarisent leurs enfants. Je le fais aussi parce que je pense avoir le recul nécessaire pour compléter à la maison si je vois certaines lacunes perdurer dans un domaine particulier.

J’espère que ce petit résumé vous a plu. Si vous souhaitez rebondir, discuter de ce qui a été dit ici n’hésitez pas à commenter ou à me contacter via le mail contact@profissime.com, instagram ou page facebook de Profissime. Je serai ravie de vous répondre 😉 

16 réponses

  1. Tu as bien fait de mettre le petit “attention” en bas de l’article. Car effectivement toutes les écoles ne se valent pas. Et toutes les personnes non plus. J’ai eu l’occasion de visiter beaucoup d’écoles, et de rencontrer beaucoup de personnes…. Et j’ai vraiment vu de tout.
    Dans le privé et dans le public.

    En lisant ton article je me rappelle pourquoi et comment j’ai passé le concours. J’ai un parcours un peu particulier puisque je suis d’abord rentrée dans la pédagogie/philosophie montessori, avant de me décider à entrer dans l’éducation nationale.

    Chaque année je m’efforce de faire vivre cette pédagogie dans le public, par la bienveillance, l’écoute, le respect de soi et des autres, le large choix de matériel de qualité, le libre choix….

    Et chaque année je m’améliore. Objectif pour l’an prochain par exemple, investir un espace de jardin devant la classe pour pouvoir y faire nos temps de récré, quand les enfants le souhaitent (avec tout un projet Land art et potager aussi).

    Ce que je regrette le plus en fait c’est que cette pédagogie soit pour beaucoup réservée à des enfants qui en ont le moins besoin, comme le tien, ou les miens. Sans critique hein ! Mais je pense que nos enfants sont déjà dans un environnement bienveillant, respectueux, riche de stimulation et de culture…

    1. Bien entendu, il ne faut pas faire de généralités. Que ce soit sur l’école publique, les enseignants ou les écoles montessori. Je te rejoins, elles ne se valent pas. Effectivement, tous les enfants auraient besoin d’un environnement bienveillant. Dans le cas de mon fils, oui c’est un besoin d’être en petit nombre car c’est un hypersensible au bruit, aux agitations, il a besoin réellement d’être en groupe restreint et d’avoir des adultes à son écoute facilement. J’aurai bien sûr préféré qu’il puisse s’adapter à l’école publique telle qu’elle est actuellement. Mais comment peut-on réussir à donner l’envie d’aller à l’école en ayant 30 PS à gérer avec une demi ASTEM. Il retournera sûrement dans le système classique plus tard mais pour les débuts de la collectivité je trouve cela hyper important et j’espère qu’un jour tous les enfants pourront être accueillis comme ils le méritent.

    2. Il y a heureusement de nombreux enseignants dans le public et dans le privé qui font des projets de dingues pour leur classe 😀
      En fait, je ne pense pas que ce sont les enfants qui en ont le moins besoin qui se retrouvent dans ces univers mais au contraire que ce devrait être le cas pour chaque enfant en France d’être accueilli et traité avec cette bienveillance. On est en train de les sacrifier avec ce système qui ne nous permet pas d’évoluer autant qu’on souhaiterait le faire avec de super projet et un encadrement digne de nos élèves…

  2. Compte-rendu très intéressant car neutre. On sent un calme et une bienveillance qui font envie. La motricité peut à mon avis s’exercer en récréation, mais jeux de ballon absents. Je suis en cycle 3, je ne sais pas comment mener à bien tous les apprentissages dans une telle ambiance. J.attends avec impatience que ton fils grandisse !
    Merci pour ce rendu.

  3. Merci pour ce compte rendu, très intéressant. Donc si j’ai bien compris ce ne sont pas des ”enseignants ” mais des éducateurs? et également en primaire ?
    je serai, curieuse de voir comment cela fonctionne en cm…

    1. Oui, c’est cela. Ce sont des éducateurs formés AMI (Association Montessori International) qui prennent en charge les enfants.
      Ils ont différentes spécialités en fonction des ambiances (on dit formé aux 0-3 ans / 3-6ans / 6-12 ans).

  4. Merci beaucoup pour cet article passionnant.
    La question qui reste en suspens quand je lis ce genre d’articles c’est “que c’est-il passé dans nos écoles pour qu’on en arrive là ?”
    Personnellement certains de mes enfants sont en souffrance à l’école, de ne pas pouvoir bouger, de ne pas pouvoir aller aux toilettes, de ne pas pouvoir s’exprimer… et en tant qu’enseignante je suis dans la lutte avec mes pairs et les parents d’élèves en étant dans le non traditionnel… Bien sûr qu’il y a à prendre et à laisser chez Montessori, mais dans l’esprit de ce genre de pédagogies, nous avons tout à y gagner.

    1. Oh comme je te rejoins… Qu’est devenue notre chère école… Les exemples que tu cites sont très parlants – encore une fois on ne fait pas de généralités – mais c’est vrai que lorsque j’entends “les toilettes c’est à tel moment” ça me fait hurler intérieurement. Il n’y a que peu de profession dans lesquelles les adultes eux-mêmes doivent se retenir d’aller aux toilettes. Et je ne comprendrais jamais ce système chez les enfants. Le problème (et c’est sûrement un des facteurs de tout ce bazar de conséquences) c’est qu’on est dans une société si procédurière de tous les côtés : parents, hiérarchie… Qu’on en oublie souvent le côté humain avec le loi légal/sécurité… On finit par avoir des enfants en phobie scolaire, ou qui développent des troubles qui n’étaient pas innés au départ. On fait déjà un pas de progrès dans les classes flexibles depuis quelques années mais on est tellement loin de pouvoir donner un meilleur cadre de travail à tous ces enfants :-/

  5. Aaaah l’école privée!!…L’école Montessori où tout est si beau, si parfait, où les enfants ( tous issus d ‘un milieu social favorisé ) font ce qu’ils souhaitent, avec plein de matériel, au rythme qui leur convient, en petit nombre avec plein d ‘adultes à leur écoute…..Le rêve quoi!….

    Qu’en est -il de la défense de l’école publique pour laquelle vous travaillez, avec beaucoup de passion et d’engagement ( je connais vos packs, vos escape games….), pour que chacun ait sa chance?

    Ma fille a fait toute sa scolarité dans mon école publique, sans passer une seule récré pluvieuse devant la télé!, est allée au collège dans le collège de secteur public classé REP, avec des profs investis qui l’ont emmenée en voyage à Londres, à Rome, a eu son bac mention très bien et rentre bilingue de son année ERASMUS, le tout en parcours public .

    1. Vous n’avez pas compris mon résumé. Je ne suis pas en train de faire un combat entre l’école publique et l’école privée. Encore moins de généralités. Heureusement que toutes les écoles ne mettent pas les enfants devant la télé dès qu’il pleut. C’est malheureusement le cas de l’école proche de chez moi.
      Avec des classes à 30 PS et une ATSEM à se partager. Je vous assure que j’aurai largement préféré mettre mon fils à l’école publique. Mais c’est un enfant hypersensible pour lequel la crèche à 8 enfants à déjà été traumatisant. Le bruit, le rythme et tout le reste sont des éléments que je dois prendre en considération pour le bien être de mon fils. Et oui, je travaille dans le public, dans un quartier avec une grande misère sociale et je me bats pour ces enfants en leur proposant le meilleur de moi-même. Je ne mets pas la faute sur les enseignants, je trouve seulement que l’on manque de personnel, de moyens pour leur donner toute l’attention qu’ils méritent chacun personnellement. Bien sûr qu’on peut exceller en sortant de l’école publique et heureusement sinon j’en serai partie depuis longtemps si je n’y croyais plus du tout. Le “rêve” comme vous dites à un prix, et je travaille sans relâche pour avoir le choix pour mon enfant. Pour conclure, ce n’était qu’un aperçu le plus neutre possible de ce que j’ai pu y voir, le choix qui en résulte est tout à fait personnel.

  6. Bonjour,

    Votre article a le mérite d’exister et souvent nous critiquons sur des “on-dit”, oserais-je le dire des “préjugés”. Vous nous faites entrer dans cette ambiance de façon assez neutre je trouve même si j’ai toujours l’impression que tout semble un peu trop parfait. Et je comprends bien qu’il s’agit là d’une réflexion personnelle (pouvant éclairer les autres pour ou contre) et pas du tout de prosélytisme.
    Je rejoins Emma quand elle dit : “… en tant qu’enseignante je suis dans la lutte avec mes pairs et les parents d’élèves en étant dans le non traditionnel”. Quand vous voulez changer certaines choses, vous vous heurtez soit à vos collègues, soit aux parents qui sont “formatés”, bloqués sur des pratiques qui devraient évoluer avec cette société qui change très vite.
    Je retiens de Montessori la bienveillance, le respect de l’enfant. On n’attrappe pas les mouches avec du vinaigre, à quoi bon brusquer un enfant pour en obtenir quelque chose, cela a plutôt l’effet contraire.
    Bon courage et merci pour votre blog et vos jeux.

    1. Merci. Effectivement, on n’est pas incité à rendre le monde meilleur et c’est bien dommage, enfin ça c’est dans la meilleure des configurations, comme vous dites on a parfois même des bâtons dans les roues de tenter de proposer autre chose… Et nous sommes d’accord que déjà, la première des priorités c’est qu’un enfant soit content de venir à l’école, sinon c’est un vrai problème avant même de regarder le reste…

  7. J’ai eu la chance d’observer une maternelle publique où 2 enseignantes fonctionnaient en Montessori dans 2 classes mitoyennes (porte ouverte). Elles avaient 28 et 29 élèves à elles 2 + 2 ATSEM. J’ai eu le même saisissement devant le niveau sonore parfaitement maitrisé de ces enfants de 3 à 6 ans et j’ai été émerveillée d’assister à un ballet parfaitement chorégraphié (on était mi octobre et l’effectif de la PE que je suivais était de 11 PS, 10 MS et 7 GS). Les moments collectifs et les ateliers de 1 à 3 enfants alternaient paisiblement. Les PE m’ont confié que le mois de septembre avait été rude pour elles, la mise en place et la jalousie suscitée au sein de l’équipe (et pourtant ménagée par des concessions comme par exemple sur l’effectif, plus important pour ces 2 PE que chez les collègues). Je n’ai pas assisté aux moments de doute et d’ajustement, mais le résultat en octobre était convaincant.

    1. Merci pour ce message. Effectivement, nous avons bien ressenti la même sérénité. Je ne le sais que trop bien, sortir du moule suscite toujours des réactions, c’est bien dommage. Mais, je suis ravie de lire que ça a bien porté ses fruits. Dans l’idéal je cherchais ce milieu pour mon fils, système classique fonctionnant en Montessori, car je trouve qu’il y a beaucoup de très bonnes choses dans le fonctionnement des classes “ordinaires”. Mon fils doit aller déposer ces petites affaires demain et (re)visiter l’école avant le grand saut jeudi. Actuellement, je stresse plus que lui, mais si ça reste comme ça, alors ça me va 🙂

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